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ECS Maroc/12ème RCA
10 décembre 2010

Le 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique au Maroc

 

Le 12ème Régiment de Chasseurs d’Afrique au Maroc

-  témoignages  -

 

Le quartier Baudot qui abrite à Meknès le 12ème R.C.A. semble être l’objet constant des soins d’un jardinier. Les bâtiments sont entourés de verdure. Des arbres apportent leur ombre bienfaisante. Il y a des fleurs à profusion. C’est un tour de force d’avoir donné à un établissement militaire une apparence aussi agréable. Les bâtiments austères au milieu de cette fraîcheur perdent de leur sévérité. On y vit plus volontiers. Les Chasseurs tiennent beaucoup à leurs parterres fleuris, et tous, dans leur rares moments de loisir, se livrent au jardinage.

12_RCA_Meknes_2_me_Escadroncarriere

L’ambiance du 12ème R.C.A. est à l’image de cette gaîté extérieure. On ne voit guère de visages moroses. La troupe et les chefs sont pleins de vie et de jeunesse. Ce Régiment n’est pas enfoncé dans la routine, il est vrai qu’il n’en a pas eu le temps. C’est en effet le plus jeune des Régiments de Chasseurs d’Afrique. Son histoire est brève, elle n’en est pas moins glorieuse.

En 1946, le 12ème R.C.A. est affecté aux troupes du Maroc et vient tenir garnison à Meknès. Et maintenant dans son beau quartier jalousement entretenu, où les bâtiments portent les noms de ses morts, il voit passer dans ses rangs les jeunes de France appelés à servir sous son Etendard. Ses cadres se donnent à l’instruction, tâche primordiale, mais bien lourde. Il s’agit en effet de former non seulement des soldats, mais des techniciens.

Utiliser au mieux des chars lourds de 30 tonnes et des automitrailleuses n’est pas sans difficultés. Il faut pour y parvenir beaucoup de travail et d’application. Lorsqu’arrivent les bleus, horde un peu hirsute et indisciplinée, sans connaissances techniques, ne sachant rien de la chose militaire, un long apprentissage va commencer.

Le programme d’instruction est très chargé. D’une part le 12ème R.C.A. est doté d’un double matériel : chars lourds et automitrailleuses avec lesquels il faut se familiariser. Cette dualité va d’ailleurs cesser, les chars seront reversés, déjà ils ne servent pratiquement plus. D’autre part, il est nécessaire de former des spécialistes de toutes sortes : conducteurs, tireurs, radios, mécaniciens, etc.

L’instruction pour les pilotes et tireurs se divise en trois phases : deux mois d’instruction de base, deux mois de spécialisation et, pour les meilleurs, deux mois de Peloton d’Elève-Brigadier.

C’est au cours des deux mois de spécialisation que les Chasseurs apprennent vraiment leur métier. Ils se familiarisent avec tous les véhicules. Ils en étudient la mécanique et s’entrainent à les conduire. A l’issue de ces deux mois,  ils passent leur permis de conduire et doivent savoir piloter, outre les véhicules ordinaires, les chars et les automitrailleuses. Pour les tireurs, on a construit un stand de tir réduit. Le tireur s’installe dans une tourelle ressemblant exactement à une tourelle de char, les mêmes appareils y sont disposés de la même façon, les conditions de tir en campagne sont reproduites sans aucune différence. Grâce à ce système, les progrès sont rapides. Lorsque les hommes passent au tir réel au canon, 95% d’entre eux placent au but 2 obus sur 3. La formation des spécialistes de la radio est encore plus longue. Après trois mois de débourrage, ils suivent les cours de perfectionnement pendant cinq mois. Il est indispensable qu’ils connaissent parfaitement leur métier. Le rôle des transmissions dans un Régiment blindé est en effet primordial.

Les résultats obtenus sont remarquables. J’ai assisté à deux exercices d’alerte du 2ème Escadron. La première fois, l’Escadron est parti 5 minutes après le coup de sirène. La deuxième fois, il était prêt en 4 minutes. Cela suppose non seulement un grand entrainement, mais un esprit de discipline très poussé. Les hommes que j’ai vus, en effet, étaient en alerte depuis 3 jours. Depuis trois jours, ils ne s’étaient pas  déshabillés ni même déchaussés. Ils étaient tous, dans la journée, employés à divers travaux. Ces conditions particulièrement défavorables auraient pu provoquer un relâchement de l’attention. Il n’empêche qu’en 5 minutes maximum, ils étaient prêts au départ, c'est-à-dire qu’ils avaient regagné les véhicules, revêtu leur équipement complet, pris leurs armes individuelles, enlevé les housses des mitrailleuses et des canons et mis les moteurs en route. Cet exemple est une preuve convaincante de la qualité de l’instruction.

Et pourtant, aux charges de l’instruction proprement dite viennent s’ajouter d’autres charges très lourdes. Le 12ème R.C.A. a pris une part active à la campagne du Rif, faisant chaque jour, pendant l’hiver, dans la région d’Aknoul, des ouvertures de route dans toutes les directions.

Actuellement ses Escadrons sont dispersés. Le 1er Escadron reste en alerte à Meknès, le 2ème est envoyé un peu partout selon les besoins, le 3ème tient garnison à Ouezzane. Ce dernier, par sa présence, maintient la sécurité sur un territoire assez vaste. J’ai passé une journée avec lui, l’accompagnant dans une longue patrouille. Nous partons le matin à 6 heures en direction de l’ancienne frontière du Maroc espagnol. La route est très belle, aussi bonne qu’une route nationale en France, c’est la route de Tétouan, mais à la frontière elle change d’aspect. En zone espagnole, ce n’est plus qu’une piste probablement impraticable l’hiver. La frontière au pont du Loukkos est signalée près d’un immense et magnifique poste douanier construit récemment. Il n’est pas encore complètement achevé. Il serait dommage maintenant de le laisser à l’abandon. Qu’en fera-t-on ? Un hôtel, une colonie de vacances ?

 

12_RCA_CAUDRON_Pont_Loukkos

 

 Au pont du Loukkos, nous prenons la piste menant à Zoumi et Mokhrisset. Nous escaladons la montagne, les pentes sont escarpées mais les automitrailleuses ne semblent pas souffrir de cette ascension. Tout à coup, en pleine côte, le convoi s’arrête, une roue d’une AM a crevé, c’est celle qui était derrière qui le lui a signalé par radio. Tous les véhicules en effet sont reliés par radio entre eux.

Malgré la pente, malgré le poids énorme de l’engin, le changement de roue s’effectue en un temps record, les Chasseurs sont à leur affaire ! Après ce petit incident, nous prenons le chemin du retour. A midi, nous avons regagné Ouezzane. La patrouille a duré six heures.

Chaque jour, un ou plusieurs Pelotons partent dans la nature pour des trajets parfois beaucoup plus longs, mais personne ne se plaint ! Ces sorties dans la fraicheur matinale ne déplaisent pas aux Chasseurs, le travail même qui leur est imposé pour la préparation de ces patrouilles, ils l’accomplissent volontiers. Chaque équipage forme une cellule où règne la meilleure camaraderie, et de véritables liens se créent entre l’équipage et le véhicule. Il faut voir comment sont entretenues les automitrailleuses !

Arme moderne, mais régie par les vieilles traditions des Cavaliers, ce Régiment offre un spectacle réconfortant. La discipline qui paraît rigoureuse y est acceptée sans contrainte. Les rapports sont aisés entre la troupe et les chefs parce que chez tous on rencontre, développés au plus haut point, la camaraderie et l’amour du travail bien fait.

 

12_RCA_TRAVET_portrait  Chasseur Claude TRAVET - 1952 - 2ème escadron, puis ECS:

J'ai répondu à la convocation pour faire mon service militaire le 8 novembre 1952 à la caserne Charras à Courbevoie. Je suis resté toute la journée dans ce centre de rassemblement, puis vers 20 heures, nous fumes dirigés vers le métro en direction de la gare de Lyon à Paris. Là, nous primes le train en direction de Marseille où nous arrivâmes le lendemain en matinée. Puis nous fumes dirigés vers le camp de transit pour nous restaurer et passer la nuit. Le lendemain, après un appel nominatif, nous étions dirigés vers le port pour l'embarquement. Après une escale à Tanger, le débarquement eut lieu à Casablanca d'où nous primes le train pour Meknès, et, à l'arrivée, aiguillés sur une voie de garage, il fallut attendre un long moment. Nous étions environ 400 gars pour la garnison de Meknès. J'arrivai donc au 12ème RCA en fin de matinée avec une bonne centaine de gars à répartir dans les 3 escadrons du régiment. Devant le PC il y eut un discours de bienvenue du Colonel de FURST, accompagné de quelques morceaux de musique. Puis ce fut l'affectation de chacun. Pour moi, je fus désigné pour rejoindre le 2ème escadron qui avait pour chef le Capitaine MERCIER., et le 2ème Peloton Porté qui avait pour chef le MDL Chef DROGUET, le Brigadier REYNAUD dirigeait l'instruction. Pendant les deux jours suivants, nous passâmes d'un magasin à un autre pour nous équiper, coudre les écussons, etc. Puis ce fut l'instruction. Peu de temps après, je fus muté à l'ECS car j'étais, parait-il, trop petit pour faire partie d'un équipage de char. Je fus alors affecté au service auto, section essence où j'avais comme chef le Commandant BEAUMONT, qui était en même temps le second du Colonel. Je fus nommé Chef de Soute avec une équipe de 6 à 8 gars. Peu de temps après, au cours d'un transfert de chars de la gare de Casablanca vers Meknès, le copain qui était mon voisin de lit pendant l'instruction, René FOURAGE, qui était devenu pilote de char, fut électrocuté en montant sur son véhicule qui se trouvait sur un wagon plate-forme à cause d'une ligne de tension de chemin de fer.

Le Sultan du Maroc fut de passage à Meknès. Sa garde noire qui prit cantonnement, avec ses chevaux, au 12ème RCA.

Mi-1953, des émeutes eurent lieu dans la médina. Un escadron de chars prit position sur le champ de foire, face à celle-ci. Je dus faire sur place, avec mon équipe, le ravitaillement et le complément des réservoirs.

Il y eut en fin d'été et début d'automne 1953 des grandes manœuvres sur le territoire marocain et la garnison de Meknès y prit part. Cette période de manœuvres est pour moi un souvenir exaltant que je ne peux oublier. Cela dura environ 3 semaines à un mois et je fus beaucoup pris avec mon équipe pour ravitailler le régiment. Puis à la mi-mars 1954, je fus libéré de mes obligations militaires.

 

12_RCA_VAUTIER_13_petit Maréchal des Logis André VAUTIER - 1951 - 3ème escadron, puis ECS :

J'ai signé en 1951, comme E.V.D.A., un engagement de deux ans au 12ème R.C.A.. Au bout de quelques jours, j'ai embarqué sur le SS Djénné en direction de Casablanca avec ce que cela comportait ( Odeur, malade, mal de mer, promiscuité...). A Casablance, j'ai pris le train jusqu'à Meknès. Arrivé à la caserne, le Quartier Baudot, je fus affecté au 3ème escadron, commandé, je crois, par le lieutenant DEPLACE. Etant arrivé seul, le contingent m'ayant précédé de quelques mois, je fus obligé de mettre les bouchées doubles pour arriver à leur niveau, ce que je fis rapidement. Nommé 1ère classe, puis brigadier, je demandai ma mutation au peloton Transmission à l' ECS, capitaine GUICHARD, adjudant REYNETTE. Après quelques mois de mise en route, je fus envoyé en stage à la légion, le 1er REC se trouvait à côté de notre cantonnement, pour passer différents examens. Nommé MDL, je fus envoyé à Casablanca à l' ERMT pour suivre un nouveau stage de dépannage radio. De retour au peloton Transmission, j'effectuai des dépannages radio, de l'instruction aux jeunes recrues, des gardes etc... Je fus également garde d'Honneur du Général à Rabat avec invitation à un méchoui au palais de Mohamed V. Mon engagement terminé, je suis reparti en France en mai 1953.

Le Quartier Baudot était situé à Meknès à coté de la Légion, face aux Tirailleurs, vers l'aviation. Belle caserne avec des bâtiments clairs, spacieux et en très bon état, entourés de larges allées avec des fleurs, des oliviers, des palmiers. Une place centrale "La Carrière", du sable roulé où chaque jour des cavaliers montaient de superbes chevaux, même des militaires d'autres régiments. Cette carrière servait aussi aux grandes manifestations: remises de fourragères, de décorations etc... Au milieu, le mat pour l'étendard, montées et descentes des couleurs en grande tenue, trompette. Le régiment était équipé de chars Sherman M4A1 avec canon de 75, et d' Half-tracks, matériel ayant servi à la 2ème D.B. Le Chef de Corps était le Lieutenant-colonel de FURST qui tous les matins arrivait à cheval, se faisait présenter la garde, assistait à la montée des couleurs et, ensuite, faisait travailler son cheval . Beaucoup des officiers étaient des "Leclerc". Les manœuvres étaient réalisées dans les environs de Meknès, Taza, la plaine de Goercif. Beaucoup de discipline et un sens de l'honneur.

 

   Brigadier/chef Serge DENIZET - 55 1/C :

Le quartier Baudot à Meknès, qui abritait le 12ème R.C.A., était l'objet constant des soins d'un jardinier. Il y avait des fleurs à profusion. Depuis 1946, le 12ème R.C.A. était affecté aux Troupes du Maroc et était venu tenir garnison à Meknès. Il y avait des chars moyens de 30 tonnes et des automitrailleuses. L'instruction était en trois phases: deux mois d'instruction de base, deux mois de spécialisation et éventuellement pour certains, deux mois de peloton d'élèves brigadiers. Les tirs se pratiquaient au stand de tir réduit qui venait d'être construit. Les exercices d'alerte étaient en place en 5 minutes chronomètre. Le 12ème R.C.A. a pris une part active à la campagne du Rif, faisant chaque jour, pendant l'hiver, dans la région d'Aknoul, des ouvertures de route. Les escadrons étaient dispersés. Le 1er escadron restait à Meknès, le 2ème était envoyé un peu partout en fonction des missions, le 3ème tenait garnison à Ouezzane, maintenant la sécurité sur un territoire assez vaste. Après huit mois au quartier Baudot, j'ai été détaché à l'Etat-major de la Division de Meknès en qualité de dessinateur, mais j'ai toujours voulu conserver le calot bleu à soufflet jonquille. J'ai connu les lieutenants ALLARD et de la TOUR qui étaient fils de généraux.

 

12_RCA_DUFAYEL_portrait    Chasseur Claude DUFAYEL - Classe 57 1/B - ECS : Au Régiment de Mai 1957 à Janvier 1958.

Je n'ai pas le souvenir d'avoir connu le MDL/Chef MAISONDIEU car je ne me souviens que de quelques noms de personnes que j'ai croisées pendant mon séjour au 12° RCA. Je me souviens d'avoir eu comme chef de peloton d'instruction les Aspirants DE CAMAS ou encore BLADANET avec lesquels mes camarades et moi avons crapahuté à El Hajeb pendant les manœuvres de fin de classes, car j'ai eu le plaisir (si on peut dire) de faire deux fois le peloton FCB (formation commune de base) car j'avais fait un séjour à l'hôpital militaire à la suite d'un mauvais coup reçu au cours d'un exercice de rapidité dans les escaliers de l'escadron d'instruction. J'ai donc participé aux manœuvres avec la 57 1B (mon contingent) et avec la 57 1C (le suivant). Ensuite, j'ai suivi avec succès le peloton élève "radio chargeur" avec le MDL MONNERET (je ne suis pas sur de l'orthographe), puis j'ai terminé mon séjour au peloton GRAC que je n'ai pas fini suite à la déclaration d'une crise d'appendicite sur aigue consécutive à une chute aux rails verticaux du parcours du combattant. Ensuite, après m'être fait remonter les bretelles par le capitaine JEANDET (patron de l'escadron d'instruction) et ensuite par le colonel HUOT lui-même, j'ai rejoint le Centre Mobilisateur N°3 qui était le lieu prévu pour mon affectation définitive.

Au vu des quelques photos que vous avez fait paraître, il m'est revenu en mémoire qu'étant convalescent de mon intervention d'appendicite, j'ai peint et repéré par des ronds de couleurs différentes des kilomètres d'antennes fouets de tous les véhicules présentés à la revue du matériel figurant sur les photos citées plus haut. Il n'en reste pas moins que j'ai toujours gardé une certaine fierté à être passé par le 12°RCA. Lorsque je parle de mon service militaire, c'est toujours ce régiment qui me vient en mémoire et que je cite en premier. J'ai toujours trouvé un certain prestige à avoir servi (si peu) dans un régiment de traditions.

Quant à la question des chars en service au régiment entre Mai 1957 et Janvier 1958, je suis formel, il s'agissait bien de Chaffee M24. Nous en avions deux ou trois je crois pour l'instruction (tir, montage/démontage des mitrailleuses de 30 et de 12.7 montage/démontage des lunettes, "simblotage" de celle de tourelle avec le canon, démontage et mise en place du coin de culasse, le tout en temps chronométré. Nous avions aussi à disposition des AMM8 toujours pour les mêmes utilisations. L'escadron qui possédait les chars était le deuxième escadron. Le premier et le troisième étaient équipés d'AMM8, les autres blindés étaient des AMM20 et des Half-tracks, des camions GMC, des "Command cars", des Jeeps Willis, des "lots 7" pour les dépannages et un Sherman "tank dozer". J'en oublie certainement mais ce sont tous les matériels dont je me souviens. J'ai d'ailleurs gardé un grand intérêt pour les chars depuis mon passage au 12°RCA.

Je n'ai pas de photos très intéressantes pour votre blog car ce ne sont que quelques souvenirs de ma découverte du régiment. Je veux bien les joindre à ce mail mais je ne crois pas qu'elles seront d'un grand intérêt au regard de celles que vous avez affichées.

 

12_RCA_PEROCHE_portrait  Brigadier Chef René PEROCHE - Classe 56 1/B - ECS

J'ai commencé par regarder les photos du blog, cela rappelle des vieux souvenirs. J'ai fais environ 25 mois au 12ème RCA dans les années 1956 à 1958. J'étais à l'ECS, au Peloton Service Auto, secrétaire du Commandant BERTONI. Je pense avoir été le seul à posséder des chaussures à clous ! Je peux affirmer que j'ai eu de nombreux rappels à l'ordre pour ces chaussures non conformes, mais hélas, jamais remplacées. Lorsque j'étais dans les couloirs de l'Escadron ou au PC, je faisais tellement de bruit avec mes clous que tout le monde pensait à l'arrivée d'un Officier. Suite au départ du Régiment pour l'Algérie, nous avons été échangés avec des jeunes du 21ème Dragons à Taza, et suite également à leur départ en Algérie, je suis revenu au 5ème B.I. à Meknès. J'ai été libéré avec bien du mal, le Capitaine voulait à toutes fins nous emmener avec lui, car il manquait de gradés et le CA 1 du 12ème nous permettait de passer Sergent (armée de Terre) dans la foulée. Mes collègues montaient dans les camions (la quille) et moi, j'étais toujours chef de poste au poste de police. Enfin cela c'est très bien passé.

Marseille - Petit groupe de Marnais sur le départ pour le 12ème RCA au Maroc, embarqués sur le "SS Ascania". Second rang à gauche : Le Chasseur René PEROCHE.

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                                                                                             Collection R. Peroche

 

12_RCA_BOUDET_Ren__1  René BOUDET,  Maître Bottier à Meknès.

Son père était déjà Maître Bottier au Liban et dirigeait en même temps une usine de chaussures. Né à Carcassonne (Aude) le 26 septembre 1913, René BOUDET passa donc toute son enfance au Liban, puis a intégré l’école Supérieure de Romans sur Isère (Drôme) obtenant les qualifications de fabrication mécanique de chaussures, montage, patronnier, coupeur, complétées en 1932 par un Brevet d’Enseignement Industriel. Après son mariage à Beyrouth en 1936, sa carrière le fit se rendre en Tunisie, en Algérie. Le 1er Juillet 1950, il arrivait à Meknès au Maroc pour en repartir en janvier 1959. Après deux années passées à la 32ème Section COMA de l’Intendance, toujours au Maroc, 1959 et 1960, il termina sa carrière Adjudant Maître Bottier au 5ème Régiment de Génie à Versailles, au Quartier de Satory. Il décéda à Carcassonne le 6 mars 1979.

 

12_RCA_BOUDET_Ren__8_copie 

1er février 1960 au Maroc             Collection R. Boudet

Lorsqu’il était à Meknès au Maroc, il était affecté au 12ème R.C.A. et il travaillait en grande partie pour les Chasseurs d’Afrique. Il le fit jusqu'au départ de ceux-ci pour l'Algérie en 1958. Lorsqu’elle était enfant, sa fille Renée l’accompagnait fréquemment au Quartier Baudot où elle passait de magnifiques moments. Tous les jeudis, le Chef de l’Atelier allait au mess lui chercher ces fameux sandwichs aux rillettes ou au « singe » !!! D’ailleurs, elle ne venait que, presque pour cela, mais aussi pour son tour à cheval du Quartier sur le cheval du Colonel HUOT, tiré  par son soigneur. Il lui reste également en mémoire les portes ouvertes où il y avait un splendide défilé, la présentation du matériel et les concours pour faire entrer soit dans une jeep, soit dans une 2cv Citroën, le plus grand nombre de Chasseurs. Quand elle était plus grande, vers 15 ou 16 ans, elle eut droit de participer au bal des Officiers. Elle se souvient que son cavalier s’appelait le Lieutenant PRONOST.

 

ND_Mekn_s Madame_Ren_e_BOUDET_1955 en 1955

 

C’était l’époque où elle a fait toute sa scolarité au Pensionnat Notre-Dame des Oliviers à Meknès, souvenirs incontournables de sa vie. 

12_RCA_BOUDET_Ren__2_copie

 

 

 

12RCA ALLIEY portrait

 

 

 

MDL Jean ALLIEY  Classe 56 2/C  E.C.S à Meknès, puis 4ème Escadron à Gendouza.

Appelé sous les drapeaux le 12-01-1957 à LYON, j'ai embarqué avec mes autres camarades conscrits le 14-01-1957 à PORT VENDRES sur le "Président DE CAZALET" à destination d'ORAN. Voyage en train jusqu'à MEKNES où nous avons été incorporés au 12ème le 16 Janvier 1957.
Les six premiers mois ont été classiques :
- les classes (dans le peloton Lt  MIALLET)

12rca ALLIEY 3 copie

-la FRAC dont j'ai un excellent souvenir, avec sa maquette, ses moteurs coupés et une formation très efficace avec au bout les permis VL et PL.

El Hajeb, le Peloton Brigadiers

12rca ALLIEY 5

- puis CP1 de conducteur (char)
- et enfin peloton et CA1 de brigadier avec nomination à ce grade le 01-08-1957.
C'est à ce moment là que je suis "sorti du rang"
Compte tenu de ma formation "civile" j'ai été affecté au secrétariat du Capitaine JEANDET à l'escadron d'Instruction..J'ai encore un souvenir très vivace de son inoubliable fume-cigarettes et du geste quasi théâtral qui le portait à sa bouche.


Quartier Baudot - Retour d'un entrainement de basket. Gauche à droite: Brigadier ALLIEY - Chasseurs TERPREAU, chauffeur du Colonel HUOT, SCHWARTZ, secrétaire au PC du 12ème R.C.A.

12rca ALLIEY 7

De cette période il me reste quelques noms de camarades de ma classe :
-LOUGAR dont les parents étaient restaurateurs à OUJDA
-CHAMPOLLION de VIENNE (Isère)
-SARROLI, fleuriste à LYON  et dont l'éternel souci était l'entretien de sa belle moustache
-VERDIER de la Drôme je crois
-GERMAIN de la Drôme
-PEILLON de LYON discret jusqu'à la timidité.
et bien entendu plein d'autres visages sur lesquels je ne peux plus mettre un nom.

L'Escadron d'Instruction

12rca ALLIEY 6

A l'automne, j'ai été affecté au secrétariat du P.C. du régiment, sous les ordres de l'Adj.Chef FAYARD.
Travaillaient déjà  dans ce bureau :
-Pierre LARCEBEAU (instituteur sursitaire)
-Francis BORDES de LIBOURNE  chargé tous les jours de la collecte des informations et de la rédaction et de la distribution de le "DECISION" qui était annoncée par une sonnerie de trompette qui faisait accourir les "courriers" de tous les escadrons.
-Marcel SCHWARTZ de Lorraine

Le Brigadier ALLIEY au Quartier Baudot

12rca ALLIEY 1


Là, j'ai pu côtoyer (presque quotidiennement pour certains) beaucoup de personnes présentes sur les photos ou  citées sur le site :
Le colonel HUOT (et plus tard son successeur le Colonel du CHENE)
Le Capitaine LEROUX, Capitaine Adjoint
Le Chef d'escadrons de BEAULIEU
Les capitaines LORRAIN, de GALBERT, le Médecin capitaine MAUDUIT
Le Lieutenant Einsargueix (sports) car j'ai joué un peu au basket et au Volley
Le S/Lt Malivoire Filhol de CAMAS (c'est un nom qui marque) et bien d'autres
Avec une pensée particulière pour le trompette-major DEL très apprécié de tous malgré son air souvent "bourru"

L'équipe du Secrétariat : gauche à droite : Francis BORDES - Jean ALLIEY - Pierre LARCEBEAU - Marcel SCHWARTZ - X. Accroupi : Le trompette Major DEL. Il manque l'Adjudant Chef FAYARD qui Commandait ce secrétariat.

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Au mois de FEVRIER 1958 j'ai obtenu une permission pendant laquelle je me suis marié (notre première fille était née quelques jours avant mon départ)
C'est à mon retour, au mois de Mars, que j'ai appris le départ du régiment pour l'ALGERIE.
et ma promotion au grade de Brigadier Chef à compter du 16-03-58.

A mois de Mai 1958, départ de Casablanca direction ALGER sur l'ATHOS II
Débarquement à ALGER le 12 (ou 13 Mai). Puis séjour à Maison Carrée où nous sommes restés consignés pendant les "évènements"
Départ, par la route  pour  BORDJ  BOUARRERIDJ et, après un court bivouac, direction M'SILA.
A notre arrivée, nous sommes installés directement dans une grosse maison en bordure de la place du "village".
Le PC du régiment devient le PC du "SHO" (Secteur Hodna OUEST).
Nous avons peu de contact avec l'extérieur, même avec l'ECS pourtant proche sur la route de BBA.
Beaucoup de travail mais dans une excellente ambiance.
Au mois de Juillet, le Colonel HUOT décide ma promotion au grade de M d L.
Mais je n'ai pas le CS2. A ce moment là, il était fortement question que les sous-officiers appelés soient maintenus sous les drapeaux 3 mois supplémentaires. J'ai donc essayé de m'opposer à cette promotion. Convaincu que je ne courrais pas ce "risque", le colonel HUOT maintint sa décision  et demanda au Chef d’Escadrons de BEAULIEU de me faire passer le CS2. Chose faite (pour le forme, le Cdt de Beaulieu m'ayant prévenu que quelles que soient mes réponses ma note ne serait pas inférieure à 16/20) et me voilà donc promu Maréchal des logis à compter du 1er Août 1958.

Marié et père d'un enfant j'ai eu droit à une deuxième permission qui m'a ramené dans ma famille début Septembre 1958.
A mon retour à la mi-Octobre 1958 (après avoir "fait durer" ma permission) j'ai eu une très mauvaise surprise.
Le Colonel du CHENE qui avait remplacé le Colonel HUOT (parti prendre le commandement du Cadre Noir à SAUMUR) n'a pas apprécié ma "prolongation" et a décidé ma mutation en escadron de combat.
C'est ainsi que j'ai rejoint à AKBOU le 4ème escadron qui venait d'être rattaché au 12ème à son arrivée de TUNISIE.

J'y ai pris le commandement de l'AMM8 "AIN AMARA II" qui sortait de l'atelier et était le seul véhicule de l'escadron dont le plancher avait été équipé d'un blindage renforcé

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Malgré la réputation de "muté par mesure disciplinaire" qui m'avait précédé, j'ai été bien accueilli et j'ai gardé un excellent souvenir de cette période qui s'est achevée à ma libération.
L'essentiel de notre activité était les "ouvertures de route", accompagnement de convois le plus souvent jusqu'à TAZMALT et plus rarement vers EL KSEUR.
Curieusement alors que je me souviens bien du Lt SOLET, je n'ai aucun souvenir du Capitaine de LESCURE !
Les photos prises lors de la libération de la classe  56 II C ne me rappellent strictement rien ?
Les années y sont sans doute pour quelque chose ...!
Début MARS 1959, je suis rentré retrouver ma famille. Embarquement à ALGER sur le "VILLE D'ALGER" pour Marseille.

Ma (longue) parenthèse militaire était terminée !!

Mars 1959 - A Alger avant l'embarquement. A gauche, le MDL Jean ALLIEY

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Collection J. ALLIEY

 

PERSONNAGES

 

1951 - 1953 - MDL André VAUTIER

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                                                                                                              Collection A.Vautier

1946 - Adjudant Emmanuel BUSTOS

FONDS LECLERC 23038 Meknès Adjudant BUSTOS

Collection Musée GAL LECLERC de HAUTECLOCQUE & Musée Jean MOULIN-Paris Musées

 

1952 - Le Chasseur Marcel FERNANDEZ.

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                                                                                                                    Collection M. Fernandez

 

1953 - Chasseur Claude TRAVET

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                                                                                                             collection C. Travet

 

 Le Chasseur Gérard GARACH de la Classe 57 1/B

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Collection G. Garach


D I V E R S

 

 

Service du Matériel Meknès_modifié-1

 

La Direction du Service du Matériel à Meknès, avec son portail en fer forgé, où étaient dispensés les Cours de mécanique, auto, armement de petit calibre et gros calibre, située derrière le Quartier Baudot.

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5 septembre 1956 - Inspection de l'Ecole des Spécialistes du Matériel de Meknès par le Général DIVARY.

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                                                                                                               Collection Général DIVARY

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                                                                                                                        Collection J. Wattenne

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                                                                                                             Collection R. Aubert

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Maroc - Le Général René COGNY (1904-1968), Commandant Supérieur des Troupes Françaises au Maroc.

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                                                                                            Collection Famille Divary

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Fez - Le Général Maurice DIVARY (1902-1973), Commandant la 26ème Division d'Infanterie au Maroc.

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                                                                                                                Collection Famille Divary

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Portail de l'entrée de la Base d'Aviation 708 à Meknès, Base école dite " Mezergues", voisine du Quartier du 12ème RCA. Ce portail est la réalisation de l'aviateur Marcel GENDREAU en 1953. Qu'est devenu ce portail lors de la fermeture de la Base ?

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Collection Famille Gendreau

 

Meknes base Aérienne

 

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Collection Famille M. Gendreau

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Carte de vœux de la B.A. 708

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BA Meknès 1957

 

 

Promenade dans la ville de Meknès

 

1957 -  la Poste...

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                                                                                                                  Collection R. Aubert

...Avenue Lyautey...

avenue Lyautey

 

...Avenue Meyzergues...

Meknes Avenue Meyzergues

 

...Rond Point Volubilis...

Meknes Rond point Volubilis

 

...Immeuble des Tailleurs de Meknès...

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...1957 - Place de Gaulle à Meknès...

Meknes Place de Gaulle 1957

 

... Une rue...

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                                                                                                                  Collection R. Aubert

...autre rue.

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                                                                                              Collection R. Aubert

 

...L'Avenue Mohammed V...

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...l'Avenue de la République...

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...Meknès - La Place d'Armes...

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cinéma Meknès

 

1957 - Meknès - Le collège sur La Place Poeymirau

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 Collection C. Humbert

 

La gare de Meknès

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1957 - Hôpital de Meknès

Le Chasseur GARACH y a séjourné une semaine suite à une piqûre de scorpion à Oudja.

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Collection G. Garach

 

L'Infirmerie de Garnison de la place de Meknès

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 Collection M  OLEKSIUK

 

La Chapelle Militaire de Meknès servie par les Pères AGOSTINI et de TREMAUDAN.

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Collection J. Wattenne

 

... Notre-Dame des Oliviers à Meknès...

Meknes ND des Oliviers

 

Intérieur de l'église

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Place Hédine et Porte Bab Mansour

place Hedine et Bab Mansour

 

La Médina

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 Collection J. WATTENNE

 

CASABLANCA

1958 - La gare de Casablanca

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Collection M. Daubigeon

 

bonne année 2015

 

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 DIVERS DOCUMENTS

 

Témoignage de Satisfaction Adjudant DEDIEU, Chasseurs SAINT-DIZIER et ARLABOSSE.

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 Collection M. Saint-Dizier

 

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Collection G. Garach

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                                                                                                                         Collection R. Aubert.

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                                                                                                                         Collection R. Aubert

 

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                                                                                                             Collection M. Carrière

 

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Collection J. Wattenne

 

Articles parus dans le journal " L'Union de Reims" en juillet 1957.

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                                                                                               Collection M. Carriere

 

 

Extrait des mémoires du colonel Jean Beaumont

– chef de corps du 12e RCA de 1953 à 1955

 

Le 12e R.C.A. qui avait fait la campagne à la 2e Division Blindée de Leclerc était un régiment qui n'avait pas un long passé historique mais qui était connu pour être l'une des meilleures unités de l'époque.

Très rapidement je pus constater que les cadres étaient de grande qualité et leur "disponibilité" entière. Tout ce que je leur demandais était exécuté sans réticences ni objections.

Ayant obtenu à mon départ de Paris que le Régiment fût désigné comme unité d'expérimentation de la méthode d'instruction mise au point par mon bureau de l'E.M.A, je bénéficiai de la part du ComSup  (1)  des Troupes au Maroc, le général de division DUVAL de facilités peu fréquentes à cette époque où les crédits étaient rares. C'est ainsi que j'obtins la construction de hangars modernes qui permirent un meilleur entretien des chars. Ces derniers étaient des Sherman qui avaient fait la campagne (2) et qui en portaient les traces. Ils étaient pourvus de moteurs d'avions en étoiles qui avaient une fâcheuse tendance à prendre feu à la mise en marche.

C'est dans ce climat rendu troublé depuis les évènements de 1954, que l'armée (100.000 hommes environ) sous les ordres du général de division DUVAL, eut pour mission de maintenir l'ordre dans le pays en montrant une résolution d'autant plus grande, qu'il importait d'éviter la généralisation des troubles.

En conséquence et sans doute sur la foi de renseignements très précis, le Commandement décide au début d'août 1955 de constituer deux Groupements de réserve générale, prêt à agir l'un sur le Moyen Atlas à partir d'El Hajeb - Ifrane, l'autre sur Casa et les Zemmours à partir de Médiouna.

Je suis averti le 5 août 1955 vers 10 heures par un coup de fil du sous-chef d'E.M., le colonel MULLER, que je suis désigné pour prendre le commandement du Groupe mobile n° I formé à El Hajeb dont j'ai en charge l'organisation.

La note de service n° 1472/E.M.T.M./3/S du 9 août 1955 qui me parvenait quelques jours plus tard, précisait la composition du Groupement, son E.M. devant être constitué par prélèvement sur les moyens de mon Régiment.

            Ce Groupement fort d'un millier d'hommes environ comprenait :

                         - une Compagnie portée de Légion (Capitaine SCHOERER),

                         - une Compagnie portée de Légion (Capitaine LAGRANGE),

                         - le 5e Thabor de 4 Goums (Chef de bataillon MATHIEU),

                         - un Escadron d'Automitrailleuses du 4e Spahis,

                          - un Bataillon du 1er R.T.M (3),

                         - un élément du 41e Transmission,

                         - un élément du 518e Groupe de Transport,

                         - une Section du Génie.

Et devait être renforcé plus tard par une Compagnie Parachutiste.

             On remarquera, qu'en dehors de mon état-major composé d'officiers et de quelques hommes, je ne disposais d'aucun éléments, chars ou motorisés de mon Régiment. Tous les éléments du Groupement devant être regroupés au camp d'El Hajeb par les soins duComSup, mon premier souci fut de constituer mon état-major avec des éléments de mon Régiment ; je conservais le capitaine du CREST, mon adjoint en temps de paix, comme chef d'état-major.

Pendant que ce dernier s'employait à constituer un groupe de commandement de qualité, ma tâche la plus importante, du 2 au 19 août, fut de prendre contact et de tenter de souder les éléments disparates du groupement en provenance de tous les coins du Maroc : mon impression fut, en général favorable.

Ce qui m'inquiétait, c'était le moral du Bataillon de tirailleurs dont l'attitude peu communicative m'inclinait à penser que son emploi dans une mission de maintien de l'ordre devrait être envisagé avec beaucoup de précautions.

              Sachant que la rapidité d'intervention serait un facteur important de réussite, la plupart des exercices consistèrent en des alertes de jour et de nuit suivies de déplacements sur des tinéraires en direction du sud.

              Avait été prévu en particulier pour le 19 août au matin, l'envoi à Mrirt d'une compagnie portée de Légion et d'un pont d'A.M (4) et ce, à la demande du chef de Région qui craignait des incidents dans cette localité à l'occasion du souk. Ce détachement parti d'El Hajeb à 06h30 devait être à Mrirt vers 09h30.

              Or, à 08h30, j'étais convoqué par le général de division RENAUDEAU d’ARC (5) de passage à Meknès, qui m'apprenait que des troubles sérieux venaient d'éclater à Khénifra. Mon premier soin fut de prescrire à la compagnie de Légion en déplacement sur cet axe, de pousser rapidement sur cette localité sans s'arrêter à Mrirt : je montais ensuite à El Hajeb pour alerter le groupement et le mettre en route rapidement sur Khénifra où la compagnie portée de légion devait arriver en milieu de matinée.

              J'y arrivai vers 15h00 et apprenais par le lieutenant-colonel BORIUS, chef du Territoire, que la prison et le poste de police encerclés par un grand nombre d’émeutiers, avaient été attaqués le matin de bonne heure puis dégagés par les légionnaires dès 10h30, que la médina était en ébullition, les liaisons téléphoniques coupées par les émeutiers et que les tribus Zaianes se rassemblaient sur les crêtes bordant la cuvette à l’Est et dominant la ville.

Juste avant mon arrivée (et sans que j'en sois avisé), une compagnie de paras coloniaux avait été larguée dans de mauvaises conditions et des soldats étaient tombés dans l'Oum er Rebia. Par ailleurs, une tentative d’incursion dans la médina nous avait couté la perte d’une A.M et de son équipage.

article Meknès

      

               De mon P.C. (6) que j'avais installé chez le lieutenant-colonel BORIUS, je pouvais voir de nombreux incendies allumés en médina et entendre les youyous des femmes groupées sur les terrasses, encourageant leurs hommes.

               Après avoir fait boucler la médina par le Thabor, placé les tirailleurs en dispositif de sécurité (couverture) autour de la ville européenne pour me garder d’une menace de cavaliers Zaïans, je rendais compte au ComSup, pendant que le commandant JEAN BAPTISTE, adjoint du lieutenant-colonel BORIUS, prenait contact avec certains membres de la Djema et le caïd AMAROCK. La nuit qui tombait était ponctuée de coups de feu assez nombreux.

Dans la soirée vers 21h00, le commandant JEAN BAPTISTE revenait, porteur de l'assurance que les armes et les corps des spahis nous seraient rendus.

Tout semblait donc s'apaiser : les conditions de l'Aman furent discutées et les autorités du contrôle purent commencer à récupérer les armes et à rechercher les meneurs. C'est alors que, malgré ces nouvelles qui nous donnaient une assurance d'apaisement, je recevais un ordre radio du ComSup le général DUVAL me mettant en demeure de donner l'assaut à la médina. Je réunis alors mes commandants d'unités pour leur donner connaissance de cet ordre, en présence du lieutenant-colonel BORIUS.

              Mais vers 21h30, un journaliste de la Vigie marocaine arrivait au P.C. à moitié évanoui pour nous apprendre que lui-même et quatre confrères dont un américain avaient décidé vers 18h30 de tenter de gagner Kasba Tadla pour expédier leurs papiers, et ce, malgré mes ordres formels. Leur voiture avait été arrêtée à une dizaine de kilomètre par un barrage de pierres, les occupants assassinés et dévalisés ; lui seul avait réussi à s'échapper. Un corps fut retrouvé dans la nuit et les autres le lendemain au jour.

              C'est alors qu’en pleine réunion avec mes commandants d’unités portant sur la pertinence d’une opération de nuit, un télégramme de Rabat me parvenait et insistait pour que l’assaut de la médina soit donné sans attendre.

              Tous, et en particulier les officiers d'A.I. (7) mieux à même que moi d'apprécier la situation estimèrent qu'une attaque de nuit dans les ruelles de la médina, aurait pour conséquences certaines d'entraîner de lourdes pertes sans garanties de succès. D'après eux, c'était le piège dans lequel il convenait de ne pas tomber. Avais-je le droit de prendre ce risque alors que l'Aman était sollicité ? Je ne le pensais pas et je renvoyais un télégramme à Rabat pour expliquer la situation de façon très détaillée et dire qu'à mon avis nous courrions vers une sanglante aventure sans grand espoir de succès si jamais nous tentions d'entrer en force dans la médina. Aussi me suis-je efforcé de convaincre le commandement de remettre l’épreuve de force au lendemain au cas où nos conversations avec la Djema ne seraient pas suivies d’effets. Rabat resta silencieux et aucun incident ne marqua la nuit du 19 au 20 août.

              Au lever du jour du 20 août, les cavaliers Zaïans étaient de plus en plus nombreux sur les crêtes, de nouvelles barricades avaient été élevées aux issues de la médina à l'intérieur de laquelle cependant une accalmie pouvait être décelée. Mais peu après un lieutenant parachutiste, et deux de ses hommes étaient tués vers 06h30 en allant reconnaître une de ces barricades et la fusillade reprenait.

              La situation me paraissait toujours assez inquiétante car la délégation attendue de la Djema ne s'était pas encore manifestée. D'après le lieutenant-colonel BORIUS, les femmes Zaïanes descendues la veille au souk, avaient été surprises par l'émeute et les rassemblements de cavaliers étaient dû selon lui, plus à leur inquiétude qu'à l'intention de nous attaquer.

              Cette opinion me paraissant réaliste, je donnais l'ordre vers 09h00 de placer autour de la médina, quatre jeeps haut-parleurs montées par des marocains, chargés d'annoncer aux habitants que tous ceux ou celles qui désiraient sortir, pouvaient le faire sans risques sous notre protection en indiquant la porte de la médina. Le lieutenant-colonel BORIUS avait raison et dans l'heure qui suivit, plusieurs dizaines de femmes s'empressèrent de sortir en trottinant.

             En même temps, je renouvelais ma demande d'un ou deux passages d’avions sans tirs dans le but d'intimider les cavaliers des tribus qui demeuraient dans l’expectative. Intervention qui n'eut lieu que vers 12h00 en raison des atermoiements de Rabat et qui après quelques passages en rase-mottes firent se disperser les cavaliers et calmer les émeutiers.

C’est au cours de cette matinée que le colonel HUBERT venant de Rabat m’a demandé de le conduire à un observatoire dominant la médina : il a approuvé les dispositions prises, a conféré avec le commandement du Territoire et a regagné Rabat en voiture.

Je peux donc attester que le travail de contact avec la Djema et la préparation de l’Aman sont l’oeuvre des seuls officiers des A.I. de Khénifra.

             Le 21 août, les armes et les corps étaient restitués pendant que des patrouilles étaient envoyées aux environs pour rechercher les émeutiers et les assassins des journalistes.

             Les jours qui suivirent furent calmes, des opérations de police se poursuivirent dans les environs où les maisons forestières isolées et les installations minières (Djebel R'tem) avaient été pillées. Le travail de récupération des biens et l'arrestation des principaux meneurs ont pu se poursuivre en liaison avec les caïds et les autorités de contrôle. Ces journées de remise en ordre nous permirent de vérifier que la grande majorité de la population était étrangère à l'émeute et que par conséquent, j'avais eu raison de traiter cette affaire avec souplesse contrairement aux ordres du général DUVAL.

Il ressort de nos enquêtes et des entretiens avec le caïd AMAROK que si quelques habitants ont aidé les émeutiers, ce sont des meneurs expérimentés, étrangers aux tribus, qui ont pu :

               - isoler Khénifra par destruction des lignes téléphoniques,

               - fabriquer des cocktails molotov

               - choisir selon des procédés d’exécution militaires les emplacements des barricades et en   

                  particulier celle qui a couté la mort des journalistes (après un virage),

               - commander l’assaut du poste de police aux cris de "yaya el malik",

               - mettre le feu aux maisons des « collaborateurs ».

Et comme je devais l'apprendre plus tard, simultanéité avec l'émeute de Oued Zem, qui, hélas fut beaucoup plus sanglante que celle de Khénifra, apportaient la preuve que l’action avait bien été coordonnée.

             A l’issue de mon entretien du 22 août vers 11h00 à Khénifra que j’avais trouvé fort désagréable où le général ComSup était venu me demander les « raisons » de mon « inaction » dans la nuit du 19 au 20, en présence des généraux MIQUEL et RENAUDEAU d'ARC, le général ComSup pilotant lui-même, décolla vers 13h00 et j'appris en me rendant à la popote, qu'il avait demandé à me voir pour me serrer la main.

             Quelques minutes plus tard pendant le repas, nous apprenions qu'il venait de s'écraser à proximité de la route de Kasba Tadla alors qu'il survolait à très basse altitude la colonne de parachutistes qui faisait route vers leurs cantonnements. C'était sans aucun doute une faute de pilotage (prévue depuis longtemps par les aviateurs) qui venait de coûter la vie du général et celle de son chef de cabinet.

J’avais une grande estime pour lui, et sa disparition survenait à un bien mauvais moment. Nous savions en effet depuis le 21 au soir, que de très violentes émeutes avaient éclaté à Oued Zem et coûté la mort à de nombreux européens.

             Il apparaissait en effet, que le 2e Groupe mobile qui avait été mis sur pied à Médiouna grâce à la perspicacité du général, et qui devait intervenir dans les Zemmours (Oued Zem), n'avait pas été alerté à temps.

Le succès de l’opération Khénifra est dû en grande partie à ma mise en alerte très rapide, alors que le Groupement BOREIL, par sureté de circonstances encore inexplicables, n’a reçu l’ordre de départ que trop tardivement dont la responsabilité n’incombe pas au commandement militaire mais probablement aux autorités de contrôle.

Les dix jours, du 24 août au 1er septembre 1955, passés avec mon groupement dans la tribu des Smala m’ont convaincu que le caïd avait joué un rôle important dans la préparation de l’émeute et dans l’intoxication du « contrôle ». C’est aussi la grande misère des Smala comparée à l’aisance relative des Zaïans qui explique l’acharnement et la cruauté des premiers et la retombée rapide de la fièvre chez les seconds.

Quant au procès fait au général ComSup par les partisans du quadrillage, il me parait injuste, car il n’est pas certain que les renforts qu’aurait exigé cette tactique eussent été accordés par Paris. Il ne faut pas oublier que depuis la mission à Rabat de M. Max LEJEUNE (8) et du général ELY (9), tout le monde savait que la France ne mènerait plus au Maroc qu’un combat retardateur, la priorité absolue quant aux effectifs étant attribuée à l’Algérie.

Le Groupement dont la dissolution fut prononcée le 7 septembre 1955, je pus regagner Meknès pour passer le Commandement du régiment à mon successeur, le colonel HUOT.

Aussitôt après mon passage de commandement, j'apprenais que j'étais affecté, à compter du 1er octobre 1955 à l'Etat-Major de la 22e Division Marocaine, puis en 1956 comme adjoint du colonel HURÉ dont le bureau (BAMAR (10)) fut chargé de mettre sur pied une armée marocaine baptisée FAR (11), dont la première tâche qui s'imposait aux Marocains était la formation de la première promotion d'élèves officiers.

En avril 1959, je suis nommé attaché militaire de Défense près de l'ambassade de France au Maroc jusqu'en 1962.

 

1 Commandant supérieur

2 La campagne de France

3 Régiment de Tirailleurs marocains

4 Automitrailleuses

5 Futur inspecteur général de l’ABC en 1958

6  Poste de commandement

7 Affaires Indigènes

8 Président de la commission de la Défense nationale de l'Assemblée nationale

9 Chef d’état-major général

10 Bureau d’aide militaire de l’armée marocaine

11 Forces armées royales

 

opé Khénifra

 

opé Khénifra 2

Le Général (CR) Marc BEAUMONT, fils du Colonel BEAUMONT, sous le couvert du Lieutenant-colonel BEAUMONT, petit fils du Colonel BEAUMONT, ancien Chef de Corps du 12e RCA.

 

 

 

 

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Commentaires
D
Merci beaucoup pour votre réponse trés courtoise. Mon grand père le Lt Colonel Duperier Etienne avait aussi l'habitude de passer ses troupes en revue.J'ai également été à l'école au lycée JJ Rousseau! Si vous trouvez une quelconque info je suis preneur. J'ai également été ravi de revoir l'église tenue par le père Agostini qui maria mes parents à Meknès et me maria en 1975 à Angers alors qu'il avait 85 ans !!Il est mort un peu plus tard à Beaupréau je crois (49) . Merci encore..
D
Bonjour, j'ai trouvé par hasard votre très intéressant album de souvenir. Né à Meknès en 54 j'y ai grandi jusqu'à mes onze ans! Mon grand père , le commandant Dupérier, à Meknès, à pris sa demie retraite en 52/53 pour ouvrir un cabinet d'assurances à Meknès. Si vous avez connu ou avez qq renseignement, ils seront les bienvenus.Je suis également en contact avec un ami dont le père était capitaine dans l'aviation. Dubreuil Chambardel ! Cordialement !
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